Eloge de la vergogne.

Le progrès a ceci de caractéristique qu’il parait toujours plus grand qu’il n’est en réalité (Nestroy, cité par Wittgenstein dans Recherches Philosophiques). Et c’est bien un des nombreux biais dans l’évaluation du story telling de nos présentateurs d’expériences réussies.En effet, ne sommes nous pas toujours impressionnés par ces histoires -et donc ces narrateurs, conteurs d’histoires- qui relatent les progrès accomplis par leurs entreprises grâce à leur contribution majeure. Un peu plus de vergogne, au sens vieilli du mot (pudeur, retenue, modestie), permettrait bien souvent de mieux équilibrer le discours et de mettre en évidence d’autres qualités. Il est vrai que ces qualités font de moins en moins partie du cahier des charges du recruteur pour autant que la croyance s’est répandue que l’agressivité, l’absence de crainte et de scrupule, le sentiment de supériorité étaient des atouts majeurs pour réussir professionnellement. Cela n’est évidemment pas fondé, du moins en toute circonstance. Il n’’empêche, nous avons perdu le sens de la vergogne et n’évoquons plus que les «sans vergogne».